Peindre, ce sont les voyelles d'Arthur, un ciel d'essai, la chaleur de la neige, un vent d'argile. C'est mettre en terre la solitude, c'est répandre la couleurs des mots sur la toile, être Jonas, ni tout à fait solidaire, ni tout à fait solitaire.
Peindre c'est...
- Un peu la mer
- Du silence en cascade
- Un désert d'encre
- un ciel d'abandon
- Des mots en frondaisons
C'est la beauté du givre sur la vitre, tel un négatif d'un dessin à la mescaline de Michaux.
Peindre c'est pénétrer le silence, petite ébauche de notre finitude. Malgré cela, chacun de nous entretient l'illusion, trace, griffe, parfois caresse la toile, tente le geste, le trait, croit de nouveau que tout est possible et n'est que dans la fébrilité de l'instant...
Ce besoin d'y croire, de travailler sans éclat particulier, offre des fulgurances de bonheur et délivre le rêveur de son questionnement.
Peindre, c'est aussi le vertige de la plage vierge, l'exploration de notre inconnue et la limite sans cesse à dépasser de nos propres faiblesses...
L'acceptation du basculement et l'impossibilité de la finalité ....Un cheminement périlleux, funambule sans fil, la chute et l'envol et si tout n'était qu'inversion : l'envol en profondeur et l'enlisement aérien...
Icare ne rêvai-il pas en fin de compte de sonder l'underground?
Sa chute n'est-elle pas en réalité son ultime réussite?
Après avoir sondé le ciel, il s'est nourri des sédiments des terres ocres, rousses et noires de la candeur du givre et de la morsure enneigée...
Me croirez-vous si je vous dit que sous les plumes d'Icare se cachent les pinceaux de Bruegel?
Rédigé par : Kaïkan | 14 février 2006 à 14:37
Peindre... Revivre le monde à nos couleurs, accepter l'ignorance,la nudité des sens...
Que vos couleurs dans leurs coupelles, Dominique, sont tentatrices !
Rédigé par : Fugitive | 14 février 2006 à 14:44
Je ne demande qu'à croire que sous les plumes d'Icare se cachent les pinceaux de Bruegel. Ils me semblait, sans doute une erreur, avoir aperçu ceux de Dürer. De toute façon j'en aime l'idée...
Rédigé par : dp | 14 février 2006 à 16:33
Oh, sans nul doute sont-ils à la recherche du même rêve comme bien d'autres avant et après eux....
Je me surprends souvent à suivre leurs sillons...
Rédigé par : Kaïkan | 14 février 2006 à 16:47
..... Et à peindre l'absence....
Rédigé par : Kaïkan | 21 février 2006 à 10:54
Ravie de vous retrouver, Dominique ! Avez-vous fait bon voyage ? Et déjà déballé vos valises ? Quelles couleurs ramenez-vous de votre escapade loin de votre atelier ?
Je vous envoie quelques grains de cette poussière dorée qui tombe cette nuit de la seule étoile ayant réussi à percer les nuages ! Impossible de la photographier : elle se dérobe à l'oeil nu. Il faut plutôt en saisir le reflet sur les vitres ou sur la peau.
Bonne soirée...
Rédigé par : Fugitive | 26 février 2006 à 22:31
Je viens de quitter la montagne, l'arôme des pins, lourde ivresse hors du monde à 1266m d'altitude,qu'à ce bonheur s'ajoute le plaisir de découvrir cette superbe avalanche de couleurs,de mots, glissement considérable d'une masse de beauté....
et oh si, [...]on cherche, on efface, on gratte, on frotte, on repeint et quand on a trouvé ce "quelque chose" qui donne pleine satisfaction, le tableau est achevé [...], tel est le secret que donne CHARDIN.
Rédigé par : dalila | 01 mars 2006 à 00:17